Les vaccins ont souvent suscité les craintes d’une partie de la population, ainsi à l’époque d’Edward Jenner et des premières vaccinations contre la variole, certains craignaient d’être transformés en animaux.
Phases cliniques de développement des vaccins
Phases de développement | Echantillon (Divisé en 2 groupes si essai en double aveugle) | Activité |
Essais pré-cliniques | Cellules In-Vitro, Rongeurs puis singes | Sélectionner les meilleurs candidats pour éviter d’administrer à des humains des vaccins inefficaces ou qui seraient trop inflammatoires |
Essai clinique phase 1 | 10–100 volontaires | Tester la sécurité et l'immunogénicité d'un vaccin candidat chez quelques personnes à faible risque (généralement des adultes en bonne santé) afin de déterminer la tolérance |
Essai clinique phase 2 | Plusieurs centaines de volontaires | Surveiller la sécurité, les effets secondaires potentiels, la réponse immunitaire et déterminer la posologie optimale ainsi que le calendrier vaccinal |
Essai clinique phase 3 | Plusieurs (dizaines de) milliers de volontaires | Étudier l'efficacité clinique dans la prévention de la maladie et fournir plus d'informations sur la sécurité à partir d'une population plus hétérogène et des périodes d'observation plus longues |
Demande d'autorisation | La demande d'autorisation est soumise aux autorités de réglementation afin qu'elles approuvent la commercialisation du vaccin selon les populations | |
Phase 4 Vaccin commercialisé | Plusieurs millions de personnes | Observer si des effets secondaires indésirables rares, graves surviennent chez des millions de personnes vaccinées. Repréciser et réadapter l'utilisation du vaccin selon les populations |
Les 6 vaccins sélectionnés par l’UE
Aux USA la FDA conditionne la validation d’un vaccin à un objectif de protection d’au moins 50% (Guidance for Industry - Development and Licensure of Vaccines to Prevent COVID-19). A noter que celui de la grippe est évaluée entre 30 et 70%.
L’Union Européenne, à l’instar d’autres pays, s’est constituée un portefeuille de vaccins qu’elle a sécurisés en passant des contrats de précommande avec les laboratoires pharmaceutiques. En privilégiant ceux ayant des sites de production en Europe, elle en a finalement retenu 6 excluant les vaccins chinois et russe en fin de phase 3.
Ces livraisons n'interviendront toutefois que quand ces vaccins auront prouvé qu'ils sont sûrs et efficaces. La distribution de tout vaccin sera notamment suspendue au feu vert du régulateur, l'Agence européenne des médicaments (EMA).
Nationalité | Laboratoire | Type de vaccin | Efficacité en phase 3 | Précommande en millions de doses jusqu’à | Autorisation sur le marché de l'UE |
Allemagne/USA | BioNTech/Pfizer | A ARNm (2 injections) | > 95% | 200M + 100M | 21/12/2020 (Fr HAS 27/12/2020) |
USA | Moderna/NIAID1 | A ARNm (2 injections) | > 94,5% | 160 M | 06/01/2021 (Fr HAS 08/01/2021) |
USA | Johnson & Johnson (Jansen Pharmaceutica NV/BARDA1 | A vecteur viral (1 ou 2injections) | Phase 3 non terminée | 200M + 200M |
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Suède/Royaume-Uni | AstraZeneca/Univ Oxford | A vecteur viral (2 injections)
| > 62%3 > 90%4 | 300 M + 100M | (GB 30/12/2020 Autorisation "d'urgence" ) UE demande info supplémentaires |
Allemagne | CureVac | ARNm | Phase 3 non terminée | 225M +180M |
|
France/Royaume-Uni | Sanofi/GSK2 | A protéine recombinante avec adjuvant (2 injections) | Phase 3 à venir | 300 M |
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1 Agence du HHS (Ministère Santé US) 2GlaxoSmithKline 3 2 injections (2 x 1 dose) 4 1ère injection 1/2 dose, seulement 3 000 volontaires < 55 ans => prolongation de la phase 3 avec ce dosage |
Principe : Les protéines S (Spike) exprimées par le coronavirus Sars-CoV-2 s’accrochent aux récepteurs ACE2 présents à la surface de cellules humaines notamment pulmonaires, lui permettant d’y pénétrer et de s’y multiplier. Les 6 vaccins sélectionnés par l’UE n’utilisent pas des virus atténués (vaccins chinois) mais des protéines S non pathogènes pour déclencher la réponse immunitaire conduisant à l’immunité. Elles sont soit injectées dans l’organisme (vaccin à protéine recombinante) soit fabriquées par les cellules humaines elles-mêmes (vaccin à virus recombinant et vaccin à ARNmessager)
Vitamine D et Covid-19
Communiqué de l’Académie nationale de Médecine
22 mai 2020
La vitamine D est une prohormone synthétisée dans le derme sous l’effet des ultraviolets, c’est-à-dire des rayons du soleil, puis transportée dans le foie et le rein où elle est transformée en hormone active. Elle est responsable de l’absorption intestinale du calcium et de la santé osseuse.
Mais la vitamine D a aussi des effets non classiques. En particulier, elle module le fonctionnement du système immunitaire par stimulation des macrophages et des cellules dendritiques [1,2,3]. Elle joue un rôle dans la régulation et la suppression de la réponse inflammatoire cytokinique à l’origine du syndrome de détresse respiratoire aigu qui caractérise les formes sévères et souvent létales de Covid-19.
Une corrélation significative entre de faibles taux sériques de vitamine D et la mortalité par Covid-19 a été montrée
[4]. Ce phénomène suit généralement un gradient Nord-Sud, bien qu’il y ait des exceptions tels les pays nordiques où la supplémentation des nutriments en vitamine D, en particulier des produits lactés, est systématique. Par contre les pays du sud de l’Europe affichent de façon surprenante une prévalence élevée de carence en vitamine D malgré un ensoleillement plus élevé [5]. Ceci expliquerait que les nourrissons qui reçoivent régulièrement de la vitamine D fassent des formes asymptomatiques de Covid-19 et moins de complications.
La vitamine D ne peut être considérée comme un traitement préventif ou curatif de l’infection due au SARS-CoV-2 ; mais en atténuant la tempête inflammatoire et ses conséquences, elle pourrait être considérée comme un adjuvant à toute forme de thérapie.
L’Académie nationale de Médecine
- rappelle que l’administration de vitamine D par voie orale est une mesure simple, peu coûteuse et remboursée par l’Assurance Maladie ;
- confirme sa recommandation d’assurer une supplémentation vitaminique D dans la population française dans un rapport en 2012 [2] ;
- recommande de doser rapidement le taux de vitamine D sérique (c’est-à-dire la 25 OHD) chez les personnes âgées de plus de 60 ans atteintes de Covid-19, et d’administrer, en cas de carence, une dose de charge de 50.000 à 100.000 UI qui pourrait contribuer à limiter les complications respiratoires ;
- recommande d’apporter une supplémentation en vitamine D de 800 à 1000 UI/jour chez les personnes âgées de moins de 60 ans dès la confirmation du diagnostic de Covid-19.
1 Liu PT, Stenger S, et al. Toll like receptor triggering of a vitamin D mediated human antimicrobial response. Science, 2006, 311 : 1770.
2 Rapport de l’Académie nationale de médecine. Statut vitaminique, rôle extra osseux et besoins quotidiens en vitamine D. Bull Acad Natle Med. 2012, 196, 1011.
3 Laird E, Rhodes JM and Kenny RA. Vitamin D and inflammation : potential implications for severity of Covid-19. Irish med J, 2020, 113 : 81.
4 McCartney DM, Byrne DG. Optimisation of vitamin D status impact mortality from SARS –CoV-2 infection Irish Med J .2020 113 : 58.
5 Lips P, Cashman KD, et al. Current vitamin D status in European and Middle East countries and strategies to prevent vitamin D deficiency : a position statement of the European Calcified Tissue Society. Eur J Endocrinol, 2019, 180 : P23-P54.
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