Prise en charge des bactériuries à la Clinique Jules Verne, Nantes
  • N° 128 Mai-Juin 2022
  • Dr Philippe Colls, Urologue - Dr Pierre Chauvet, Pharmacien - Dr Claire Decreau, Gériatre - Dr Laurent De Bataille, Gériatre - Clinique Jules Verne, 2-4 route de Paris, 44300 Nantes

L’infection urinaire (IU) qu’elle soit communautaire ou nosocomiale, est un problème majeur de santé publique aujourd’hui. De plus, elle génère un nombre de consultations médicales important et la prescription d’antibiotiques qui en découle exerce une pression de sélection sur l’écologie bactérienne en cause aboutissant à l’émergence des résistances bactériennes. Ces traitements sont généralement inefficaces sur le caractère récidivant de ces IU.

L’IU est fréquemment retrouvée chez les patients séjournant en centre de convalescence ou de soins de suites et réadaptation. La population est généralement âgée, porteuse de polypathologies et polymédicamentée. Une bactériurie est présente chez 3 à 10 % des hommes après 65 ans alors qu’elle reste exceptionnelle (0,1 %) avant cet âge. Chez la femme jeune, la prévalence de la bactériurie est 1 à 5 % alors qu’elle atteint 5 à 20 % après 65 ans et de 20 à 50 % après 80 ans. Chez les personnes âgées institutionnalisées, la prévalence est de 15 à 50 % (25 à 50 % chez la femme, 15 à 30 % chez l'homme).

Mais ces bactériuries ne sont pas toutes synonymes d’IU. En effet, celle-ci se définit comme l’association de signes cliniques répertoriés et d’une uroculture positive ; la bactériurie asymptomatique (BA) correspond à une colonisation de l’appareil sans réaction du micro-organisme contre l’hôte. Dans ce contexte, le diagnostic d’infection d’IU nosocomiale dans cette population reste difficile du fait de la présentation clinique souvent atypique et de la prévalence élevée de ces bactériuries asymptomatiques. La découverte de la bactériurie est parfois fortuite dans une démarche étiologique globale. En effet, environ 27 % de ces bactériuries sont associées à des infections d’autres sites. Et même si une cystite peut sembler une IU simple, le risque de récidive dans l’année varie de 27 à 40 %.

Ces diagnostics aboutissent donc à instaurer des antibiothérapies probablement excessives voire inutiles ou délétères pour le patient. De plus, les résistances microbiennes sont plus élevées dans cette population polymédicamentée.

À l’inverse, dans cette population à risque, négliger ces bactériuries augmente le risque de récidives cliniques qui seront elles-mêmes à l’origine de prescription d’antibiotiques répétées.

Les propriétés anti-infectieuses des huiles essentielles (HE) constituent une voie prometteuse quant à la prise en charge de ces bactériuries. Les études récentes sur leur action sur le biofilm bactérien et sur le rôle du microbiote vésical pourraient nous permettre de mieux adapter les thérapeutiques.

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