Les modulations de l’environnement tumoral cancéreux par la propolis : intérêt thérapeutique en oncologie intégrative
  • N° 143 Novembre-Décembre 2024
  • Henri Joyeux, professeur honoraire de cancérologie et chirurgie digestive, Montpellier ; Dr Lilian Ceballos, pharmacologue, Pradelles-Cabardès
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La propolis suscite un intérêt croissant des chercheurs et des cliniciens dans des domaines thérapeutiques variés puisqu’elle présente de multiples activités thérapeutiques et une nnocuité importante. En particulier, son activité anticancéreuse fait l’objet de nombreuses publications qui permettent d’élucider les mécanismes par lesquels la propolis interfère avec le processus de carcinogenèse et le développement tumoral. Cette activité antitumorale de la propolis trouve un champ d’application aussi bien dans le cadre de la chémoprévention des tumeurs que dans leur traitement. Il est généralement accepté que le développement d’une tumeur repose sur une reprogrammation métabolique des cellules tumorales qui affecte plus de 100 gènes impliqués dans l’angiogenèse, la migration et la survie cellulaire, le métabolisme énergétique et la réponse immunitaire. En fait, la prolifération rapide des cellules tumorales et l’altération de leur métabolisme glucidique créent un environnement hétérogène caractérisé par des zones d’hypoxie relative et de faible disponibilité en nutriments au centre de la tumeur qui se nécrose, et des zones mieux oxygénées et nourries à la périphérie. La plasticité des cellules cancéreuses leur permet d’alterner entre un métabolisme glycolytique aérobie (effet Warburg) et un métabolisme oxydatif en fonction de leurs conditions de développement. Cette plasticité est à l’origine d’un écosystème métabolique évolutif au sein duquel une symbiose, essentielle pour la progression d’une tumeur à croissance rapide, s’établit grâce à une coopération cellulaire fondée sur la mutualisation de leurs ressources énergétiques. Parmi ces ressources mutualisées, l’acide lactique produit par les cellules à métabolisme glycolytique sert non seulement de source énergétique aux cellules à métabolisme oxydatif, mais plus crucialement, il régule la prolifération tumorale qu’il favorise par l’inhibition des réponses immunitaires de l’hôte et l’induction de phénomène de résistance. Dans ce contexte, les effets de la propolis sur la régulation du métabolisme glucidique tumoral s’expliquent par l’inhibition du transport du lactate, l’inhibition de l’absorption et du transport du glucose mais aussi la régulation à la baisse des enzymes de la glycolyse. Cette altération du microenvironnement tumoral par la propolis neutralise les effets immunosuppresseurs du lactate et rétablit l’efficacité de la réponse immunitaire. L’utilisation de la propolis dans le traitement des cancers peut donc compléter les thérapies conventionnelles puisque son activité interfère avec les perturbations du métabolisme glucidique et les échanges symbiotiques entre phénotypes tumoraux qui participent à l’adaptation des cellules tumorales à leur milieu, entre autres, à la résistance aux traitements anticancéreux.