La douleur engendre quasiment près des deux tiers des consultations médicales en France. Elle peut considérablement impacter notre vie quotidienne et modifier notre comportement. Y répondre constitue donc un véritable enjeu de santé globale. Aussi complexe dans ses origines que dans ses manifestations, la douleur ne manque pas de qualificatifs. Elle pince, brûle, picote, fourmille, cisaille, nous atteint comme un coup de poignard, est sourde, vive, paroxystique, spastique, contracturante, néphrétique, lancinante ou exquise… Selon l’International Association for the Study of Pain (IASP), la douleur se définit comme « une expérience sensorielle et émotionnelle désagréable, liée à une lésion tissulaire existante ou potentielle, ou décrite en ces termes ». Cette définition a le mérite de toucher du doigt l’origine subjective possible de la douleur, que celle-ci soit physique ou morale. Au-delà de leurs différences, toutes les douleurs font souffrir un individu en particulier et doivent être prises en compte par le thérapeute, quelle qu’elle soit. Cela sous-entend de ne pas séparer le physique du psychisme et de garder à l’esprit que dire « J’ai mal » est souvent plus facile que d’accepter de dire « Je suis mal » …
Sur le plan de l’évolution, rappelons que la douleur est utile et même indispensable puisqu’elle nous apprend à éviter les situations dangereuses ! Notons au passage que le neurophysiologiste anglais Charles Scott Sherrington (1857-1952) a montré que la douleur stricto sensu apparaît seulement chez des espèces qui ont atteint un certain degré de complexité organique. Ce système de défense adaptatif, élaboré et universel qu’il a nommé nociception s’est mis en place comme signal d’alarme pour protéger l’intégrité de l’organisme et nous permettre de réagir de manière appropriée. Darwin lui-même disait dans ses lettres (publiées en 1887) que la douleur était particulièrement bien adaptée pour obliger une créature à se prémunir contre tout mal, grand ou soudain.
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