N° 92 Mai/Juin 2016
  • 2016-05-30

Vous devez avoir un compte et un abonnement valide pour télécharger la revue.

« Les antibiotiques, ce n’est pas automatique !! »

Annonce qui a frappé tous les esprits nous permettant de la retenir facilement, tant le message est fort.

Il est vrai que cela a permis une prise de conscience au niveau du public et a conduit à une diminution des prescriptions qui semblent cependant toujours trop nombreuses surtout dans la prise en charge de pathologies virales ou bénignes...

Il faut se souvenir cependant, que les premiers antibiotiques sont apparus fortuitement dans les années 20 avec la découverte de la pénicilline, champignon (pénicillium) et donc d'origine végétale !

L’arrivée de ces médicaments a réellement bouleversé la prise en charge des pathologies infectieuses, les patients étaient soignés rapidement comme par magie !

Mais notons que l’arrivée des antibiotiques est aussi responsable en partie du déclin de l’utilisation des plantes médicinales qui a conduit à la disparition des disciplines liées à la plante dans les études de médecine, comme la botanique, galénique, pharmacognosie… et à la diminution corollaire des préparations à base de plantes dans les officines.

De nombreuses molécules antimicrobiennes ont alors vu le jour tout en poursuivant l'élargissement de leur spectre d’action, mais le développement de l’hospitalisation où sont concentrés les patients les plus fragiles, s’est accompagné d’un nombre croissant d’espèces résistantes ou multirésistantes, que la recherche n’arrive plus à circonscrire.

Simultanément le recours massif aux antibiotiques chez les animaux s'est développé et ainsi l’OMS a publié que plus de 50% des antibiotiques mondiaux en 2013 sont destinés aux animaux d’élevage ; de la même façon, de nombreux produits phytosanitaires sont en réalité des antibiotiques et le glyphosate par exemple interfère en augmentant l’antibiorésistance.

L'action contre la surexploitation des antibiotiques doit être donc globale, à la fois dans les populations humaines, mais aussi chez l'animal et dans l'environnement.

Dans l'arsenal des MAC (médecines alternatives et complémentaires) pouvant renforcer l'immunité des patients, et donc diminuer le recours aux antibiotiques, nos disciplines phytothérapie, aromathérapie, gemmothérapie, oligothérapie, peuvent jouer un rôle déterminant.

Ces disciplines nous apportent aussi une aide précieuse quand l’antibiothérapie s’avère indispensable ; il sera ainsi opportun d’associer ces disciplines pour mieux supporter le traitement ; protéger la cellule hépatique grâce à des hépatoprotecteurs, agir sur le microbiote en utilisant des souches bactériennes probiotiques voire du microbiote fécal, qui devrait faciliter l’éradication du portage des souches résistantes.

Attention cependant d’éviter la prescription des plantes immuno stimulantes dans des pathologies telles allergies ou maladies auto-immunes par exemple

Ce qui nous ramène à une privilégier une meilleure connaissance de ces traitements peu enseignés dans les formations initiales universitaires.

Il est vrai que l’activité de ces traitements n’est pas toujours démontrée et les essais cliniques randomisés pas assez nombreux, la multiplicité des actifs dans nos plantes médicinales rendant les essais plus difficiles à mener ;

Cependant de nombreux médecins utilisant ces disciplines prescrivent beaucoup moins d’antibiotiques et certains pharmaciens voient une baisse réelle de délivrance d’antibiotiques, lorsque formés, ils conseillent plantes, huiles essentielles et oligoéléments en première intention.

En outre, ces disciplines entrent peu à peu en milieu hospitalier avec des résultats intéressants en anesthésie, gériatrie, psychiatrie…. avec peu d’effets indésirables et les praticiens sont demandeurs de formations adaptées à leur discipline

Le problème majeur à mon avis étant que contrairement à l’antibiothérapie prescrite par des médecins et délivrée par des pharmaciens professionnels compétent et formés, les médicaments et compléments alimentaires à base de plantes sont en vente libre avec un accès direct du public, une automédication abusive sans parler des produits trouvés sur internet….

Au plaisir de vous rencontrer pour ceux qui seront présents à Besançon.

A très bientôt

Danielle Roux

Sommaire
EDITORIAL Danielle Roux p 4
PATHOLOGIES
Quel avenir pour les antibiotiques ? p 5
Dr Katy Jeannot et Pr Patrick Plesiat
PHYTOTHÉRAPIE
n Les plantes de l'immunité p 10
Pr Kurt Hostettmann, Champex-lac
CLINIQUE
Les plantes immunostimulantes : cas cliniques p 15
Dr Serge Vassart, Bruxelles
AROMATHÉRAPIE
Mieux maîtriser l’antibiothérapie : le Retour des Huiles Essentielles p 20
Dr Pierre-Olivier Tauxe, Lausanne
ANTIBIOTHÉRAPIE
Mieux supporter l’antibiothérapie et prévenir les effets indésirables p 28
Dr Éric Menat, Le Muret
OLIGOTHÉRAPIE
Les oligoéléments : des outils en pathologie infectieuse p 31
Dr Robert Viala, Bordeaux
PHARMACOGNOSIE
Axes de recherche des nouveaux antibiotiques d'origine naturelle p 35
Pr Pierre Champy, université Paris Sud
RECHERCHE
Le microbiote : interactions antibiotiques-probiotiques p 41
Pr Marie-José Butel, université Paris Descartes