La mort ne s’apprivoise pas, elle se vit, elle se sent, elle nous accompagne depuis notre naissance. Son crépuscule nous envahit un jour pour nous permettre peut-être de renaître dans un ailleurs. Les traditions de l’humanité ne parlent jamais de fin mais d’un passage vers autre chose. Parler de plantes, c’est s’inscrire dans ces traditions. Je ne sais pas s’il existe quelque chose après la mort mais bien des plantes peuvent rendre ce crépuscule plus doux et nous donner l’illusion d’apprivoiser la nuit.
Lorsque le soleil commence à décliner, que son éclat diminue, que les couleurs sont moins vives et que la chaleur s’échappe de l’air, l’appréhension de la nuit apparaît. « Docteur, vous croyez que je vais mourir bientôt ? »
La demande est insistante, nimbée de peur. Dans ma tête je suis bien loin de la nuit. Le diagnostic de cancer vient juste d’être posé. La tumeur est petite et même si elle semble agressive, mes pensées se focalisent sur son traitement.
Et pourtant, à cet instant, la question n’est pas celle du traitement mais de la mort. Que va-t-il se passer ? Quelles souffrances vais-je subir ? « Docteur, vous allez bien pouvoir faire quelque chose pour moi ! »
Ce n’est plus une question, c’est une injonction. Je vais devoir une nouvelle fois essayer d’apprivoiser la mort. Pour cela il me faut identifier, comprendre les besoins de mon ou ma patiente, les explicites, les implicites, les douleurs du corps, les vagues à l’âme, les besoins de l’esprit.
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